Entraînement quotidien [PV]

Finalement, Ryan n'avait pas rapporter le gros sac de farine dans son appartement. D'un parce qu'il n'avait aucune poutre pour l'accrocher en hauteur, et de deux, il n'avait pas envie de répandre de la farine partout dans la pièce. Déjà qu'elle était salle, mieux valait ne pas en ajouter. Donc, il avait retrouver son cher punching ball dans la cave. Personne n'y avait touché. Il était toujours solidement attaché dans un coin où personne n'allait. Du moins en général. La dernière fois, une fille qui disait s'appeler Chloé était venu pendant sa petite séance de boxe. Cette fois, il espérait vraiment de pas être dérangé.

D'un geste expert, il banda ses mains soigneusement. Il commença par des petits coups puis il entreprit de cogner un peu plus fort. Quitte à être réincarner après votre mort, prier pour ne pas devenir sac de farine. Car celui que Ryan frappait valdinguait sous la poutre, le jeune homme ne lui laissant même pas le temps de revenir à son état initial. De la sueur commençait à perler sur le front du garçon mais il ne s'arrêta pas pour autant. Normalement, quand quelque chose n'allait pas, il prenait sa moto et roulait jusqu'à oublier la raison pour laquelle il l'avait enfourchée. Aujourd'hui, privé de son engin, il n'avait aucune autre consolation que la boxe. Là, plus que la vitesse, il pouvait faire éclater sa rage.

Chaque coup qu'il donnait emportait un peu plus sa colère et sa frustration au loin. A chaque fois qu'il se retrouvait seul, c'est à dire souvent, il se mettait à réfléchir intensément. Ces jours-ci, il n'avait cessé de penser à un moyen de sortir d'ici. Il avait parcouru tous les étages, sauf le treizième bien entendu, en vain. Il était presque sûr qu'il y avait quelque chose de primordial dans cet étage. D'ailleurs, en y repensant, peut-être que leur ravisseur y habitait. Ryan frappa. Pourquoi pas après tout ? un coup. Tous les messages qu'il leur laissait venaient bien de quelque part non ? un coup. Et si leur hôte n'avait jamais quitté l'immeuble ? un coup.

Le sac faillit se mettre à l'horizontale mais Ryan le retint. Il soufflait un peu et changea de position. Il ne fallait pas frapper toujours au même endroit sinon son punching ball allait vraiment être difforme. Il se trouvait dorénavant dos à la porte mais dans l'état où il était, il n'y fit pas attention. Ses pensées se calmèrent avec son coeur puis dérivèrent vers sa mère et son frère. Il frappa. Que faisait sa mère maintenant qu'il n'était pas là pour lui donner l'argent qu'il gagnait lors de ses combats ? un coup. Et P'tit Jo ? un coup. Que faisait-il ? Un coup. Etait-il toujours aussi innocent ? Un coup. Ou avait-il finalement rejoint les traces de son frère ? Un coup... un coup. un coup. un coup.

Pauvre sac. Ou pauvres mains peut-être. Le punchin ball improvisé commençait à se teinter de rouge. Etrange. Pourtant Ryan ne s'arrêta que lorsque son coeur failli exploser sa poitrine. Là, il s'effondra dans la terre humide de la cave. D'un air absent, il regarda ses mains. Les bandeaux étaient rouges. Génial. Il allait falloir qu'il les lave à fond puisqu'il n'avait que ceux-là. Doucement, il les défit pour regarder jusqu'où sa colère l'avait entraîné. Rien de bien grave apparemment. Il avait connu pire. Il refit soigneusement les bandages mais pas pour cogner cette fois, juste pour soigner ne serait-ce qu'un peu ses phalanges meurtries

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...

Tandis que le silence s'installait dans la petite cave, après que les coups sur le punchingball du garçon se soient calmés, un bruit se fit entendre.

Celui d'une porte qui s'ouvre doucement.

Apparu alors sur le seuil un petit garçon, d'environ 10 ans, peut-être quelques mois de plus.

Il semblait avoir été attiré par le bruit, mais on voyait à son expression qu'il n'avait pas envie de déranger.

Cependant, quand ses yeux chargés d'innocence et d'intelligence se posèrent sur le grand garçon assis sur le sol, qui lui tournait le dos, son expression changea brutalement.

Tout d'abord, de la surprise apparut sur le visage du jeune garçon.

- Ryan ?

Puis de la joie.

Lorsqu'il se dirigea d'un bond vers le jeune homme, en laissant négligemment la porte ouverte derrière lui.

Lorsqu'il apperçut les phalanges rouges de ce dernier, le petit garçon fronça légèrement les sourcils.

- Pourquoi tu saignes ?

Mais à ce moment-là, il tourna la tête et apperçut le sac de farine suspendu.

Et il comprit, parce qu'il n'était pas bête malgré son jeune âge.

- Ah, je vois ...

Le sourire revint sur son visage quand il regarda de nouveau le garçon assis.

Son frère.

...

[aaaah non ! p'ti Jo >_<]

"Ryan ?"

Le jeune homme eut un hoquet de surprise. Il connaissait cette voix. Sachant très bien que le garçon auquel elle appartenait était à l'autre bout du pays, il crut d'abord à une hallucination. Pourquoi pas ? Il venait justement de penser à celui-ci et il était complètement mort. Ce n'était qu'une vilaine farce de son imagination. Ryan continua à se panser doucement, serra les poings le plus fort qu'il put faisant renaitre la douleur qu'il ignorait jusqu'alors. Au moins, celle-ci l'aidait à remettre ses idées en place.

"Pourquoi tu saignes ?"

Encore cette voix. Elle semblait si réelle. Pourtant, c'était impossible. Ryan n'avait pas envie de voir triompher ses hallucinations en se retournant et en ne voyant personne. Aussi continua-t-il à l'ignorer. Ou du moins faisait-il semblant. Car il ne pouvait s'empêcher intérieurement de l'inciter à parler. Il aimait trop cette voix pour la faire taire.

"Ah, je vois ..."

Ryan ne respirait plus. Soit il était complètement fou, soit le garçon était véritablement derrière lui. Doucement, il tourna la tête. Son cœur, qui s'était pourtant calmé depuis qu'il avait arrêté l'entraînement, avait repris sa course folle... jusqu'à ce qu'il faillit s'arrêter net. Le garçon était là. Et il lui souriait de ce sourire qu'il ne réservait qu'à Ryan.
Ce dernier peina à retrouver l'usage de la parole. Il ne savait plus ce qu'il devait croire. Etait-il suffisamment épuiser pour le voir devant lui ? Rester enfermé tout ce temps l'avait-il rendu fou ? Ou est-ce que c'était vraiment lui ? Impossible, il se situait à plus de 3000 km de Penton. Comment serait-il venu ?

"Johnny ?"

Un simple murmure. Pourtant son frère était assez proche pour l'entendre. Il en sourit d'avantage en entendant son surnom.

"C'est bien toi ?"

La question semblait être stupide aux yeux de John, pourtant il n'effaça pas son éternel sourire de son visage.
Ryan se leva d'un seul coup, comme s'il avait retrouvé sa vigueur grâce à ce simple sourire. Il s'approcha de son frère et le serra dans ses bras. Il sentait sa douce odeur, il le touchait, il était bien là. Mais alors...
Ryan le repoussa vivement sans que Jo ne comprenne tous ces brusques changements d'attitude.

"Qu'est-ce que tu fous ici ?"

Tant de questions se bousculaient dans sa tête - comment l'avait-il trouvé ? Comment était-il venu ? Avait-il été contraint à venir ici ? Où était leur mère ? - pourtant Ryan gardait son sang froid et n'en posait qu'une à la fois. Apparemment, John ne savait pas vraiment ce qu'il se passait dans cet immeuble. Aussi ne comprenait-il rien à l'affolement - vite contrôler cependant - de son grand frère.

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( Excuse-moi toi aussi pour mes messages pas vraiment très longs >_< )

...

En effet, le petit Johnny affichait un grand sourire quand son frère prononça son prénom d'un air étonné.

On pouvait le comprendre, Ryan ne devait visiblement pas être au courant que son petit frère était aussi dans l'immeuble.

Le jeune homme serra son petit frère dans ses bras, et ce dernier lui rendit son étreinte, en affichant toujours un grand sourire.

Il perdit néanmoins un peu son sourire losque son frère le repoussa en lui demandant ce qu'il " foutait ici ".

Mais juste parce qu'il était surpris.

Il contempla son frère en clignant des paupières, puis il répondit d'une voix surprise :

- Bah ... Tu n'es pas content de me voir ?

Il releva la tête, puis son sourire revenu, il prit la main de son frère et l'entraîna derrière lui, en s'exclamant gaiement :

- Et viens voir ce que je t'ai amené ! Je suis sûr que tu vas être content !

Il entraîna son frère hors de la cave, pour emprunter un couloir très petit, pas très haut de plafond et assez sombre, jusqu'à une porte.

Toujours en souriant, le Petit Jo' ouvrit le loquet, poussa la lourde porte, entra dans la pièce, et s'exclama en brandissant les mains en l'air d'un ton théâtral :

- Ta-Daaam !

La pièce dans laquelle se trouvaient les deux frères était un petit garage, avec des airs d'atelier.

Sur les étagères bordant les murs, on pouvait y voir toutes sortes d'outils mécaniques. Et au milieu de la pièce, il y avait une moto, orange, pas très très propre. On pouvait cependant voir le cigle de la marque Suzuki. Johnny se dirigea vers la moto de son grand frère et attrappa une éponge au passage, tout en disant :

- Bon, elle n'est pas très propre, mais si on la nettoie un peu, elle sera de nouveau comme neuve, ta chère moto...

Et là, il commença à frotter un endroit crasseux, en sifflottant à moitié.

...

[tu veux que je réagisse d'une certaine manière ou tu te cales sur moi ? Rep par mp ]

Ryan avait peut-être été un peu brusque en le repoussant. Mais même devant l'air surpris de son frère, il ne s'excusa pas.

"Bah ... Tu n'es pas content de me voir ?"

Si, bien sûr que si. Il n'avait cesser de penser à lui pendant les quelques jours qui venaient de passer. D'ailleurs, depuis combien de temps étaient-ils vraiment là ? Ryan n'avait plus aucune notion du temps. Cependant, l'adolescent ne put s'empêcher de remarquer que son frère ne répondait pas à la question mais qu'il l'évitait subtilement. Comme d'habitude mais c'était frustrant.
Avant même que Ryan n'ait le temps de répliquer, P'tit Jo lui prit la main avec de nouveau cet air joyeux qui avait le don de faire fondre ses inquiétudes.

"Et viens voir ce que je t'ai amené ! Je suis sûr que tu vas être content !"

Le garçon le mena au fond de la cave, dans un couloir que Ryan ne connaissait même pas. C'était d'ailleurs étrange vu qu'il passait le plus clair de son temps dans cette cave et que jamais il n'avait une autre porte que celle qui menait à la cuisine. Mais la surprise du jeune homme face à ce nouveau chemin ne fut rien comparé à la découverte du garage.

"Ta-Daaam !"

Johnny semblait si fier de lui et ne s'occupait pas du choc de son grand frère. Qu'est-ce qu'il s'imaginait ? Qu'il était invulnérable ? Il ne l'avait jamais été même si Jo était trop fier pour le voir.
Devant les yeux des deux garçons était tranquillement posée la Suzuki orange de Ryan. Comment ? La veille encore, il l'avait vue à travers la fenêtre de son appartement miteux, abandonnée à l'entrée de l'immeuble. Et maintenant, elle était dans un garage dont personne, mis à part son frère qui arrivait de nulle part, ne connaissait l'existence.

"Bon, elle n'est pas très propre, mais si on la nettoie un peu, elle sera de nouveau comme neuve, ta chère moto..."

Ryan s'approcha sans un mot du véhicule. Ce n'était pas sa moto. Il ne l'avait pas autant dégueulassé que ça. Bon d'accord, il avait traversé tout le pays mais quand même... Si. C'était bien elle. Ryan reconnaissait la rayure blanche sur le côté. Un jour, le jeune homme avait raflé une voiture et avait abimé sa moto. Il avait finalement peint en blanc par dessus deux longues bandes. La rayure ne se voyait plus mais pourtant elle était toujours là. On pouvait la sentir en caressant la carrosserie.

Une petite mélodie résonnait dans le garage. C'était la chanson que chantait Ginny à P'tit Jo à toute occasion. Et là, c'était le petit garçon qui la sifflait en lavant la moto. Ryan s'attarda à regarder son frère. Il était un peu plus grand. Même en un mois il prenait des centimètres visibles. Il avait toujours son air intelligent et joyeux. Pourtant, quelque chose gênait Ryan.
Il savait son frère plus brillant que les gosses de son âge. Il était enfermé ici avec d'autres élèves - depuis combien de temps ? peu importe - pourtant il ne semblait pas inquiet. Or il ne fait aucun doute que Johnny était obstiné. Il aurait cherché un quelconque moyen de sortir. Comme Ryan.

"Comment va Ginny ?"

Ginny. Leur mère. Que devenait-elle sans ses deux fils ? Comment avait-elle réagit en lisant la lettre de Ryan et en découvrant l'argent qu'il y avait dedans ? Ryan avait une idée de sa réaction mais il voulait entendre P'tit Jo le lui dire. Il voulait l'entendre parler pour se persuader que c'était bien lui qui était là, devant lui, et non un quelconque piège subtile tendu par leur hôte.

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"Comment va Ginny ?"

Le jeune garçon prit d'abord le temps de dépoussierer d'un coup rapide de chiffon avant de répondre, toujours les yeux rivés sur la moto, mais on sentait tout de même une intonation légèrement différente quand il parla d'elle.

Après tout, c'était sa mère.

Leur mère.

Et ils l'aimaient, tous les deux.

- Elle va bien ...

Il arrêta de passer son chiffon sur la carosserie orange qu'il nettoyait depuis quelques instants car il n'y avait plus de traces. Juste de la poussière.

Assez étrange, à vrai dire, quand on savait qu'elle avait passé ces derniers jours dehors. Mais çà ...

Le petit Johnny ajouta alors :

- Enfin ... Quand on n'a pas eut de nouvelles de vous, tu sais, vous qui avaient gagné ce voyage, et bien elle s'est inquietée. Beaucoup. Surtout que dans la ville, la rumeur s'est répandue comme une trâinée de poudre. On a d'abord eut peur que l'avion avait eut un accident. Mais comme on s'est rendu compte que l'avion avait bien atterrit à Los-Angeles ...

Tout en parlant, le jeune gaçon se déplaca pour dépoussièrer l'avant du véhicule.

- On n'avait pas de nouvelles de vous, ni des professeurs, pour nous dire où vous vous étiez volatilisés. Alors bien entendu, maman s'est terriblement inquiétée ... Elle ne voulait pas me le montrer, mais je le voyais bien. Il lui arrivait même de pleurer. Alors comme je ne pouvais pas la voir ainsi, j'ai décidé d'aller te chercher.

Il agita ensuite le chiffon dans les airs pour que la poussière tombe au sol.

Il n'aimait pas trop faire de saletés, mais bon, on ne pouvait pas astiquer une moto avec un chiffon sale ...

- Cà n'a pas été facile, sois-en sûr. Mais finallement, j'ai finit par comprendre que vous étiez ici. Beaucoup de gens vous cherchent, tu sais.

Il passa encore une fois son ustencile sur la surface orangée de la moto, avant d'arrêter.

- Mais ce bâtiment, cet immeuble ...

Là enfin, il détacha ses yeux de la moto pour les fixer dans ceux de son frère.

- ... Tu ne pourras jamais en sortir.

"Elle va bien ..."

Vraiment ? Alors pourquoi cet air triste quand il parlait ?

"Enfin ... Quand on n'a pas eut de nouvelles de vous, tu sais, vous qui avaient gagné ce voyage, et bien elle s'est inquiétée. Beaucoup. Surtout que dans la ville, la rumeur s'est répandue comme une trainée de poudre. On a d'abord eut peur que l'avion avait eut un accident. Mais comme on s'est rendu compte que l'avion avait bien atterrit à Los Angeles ..."

S'il avait eut les moyens, il aurait envoyé des nouvelles. Il était peut-être partit brusquement, en ne laissant qu'un mot pour sa mère, il les aurait quand même contacté. Et ça, Ginny le savait. C'était pour cela qu'elle s'était inquiétée de ne rien recevoir de sa part.

"On n'avait pas de nouvelles de vous, ni des professeurs, pour nous dire où vous vous étiez volatilisés. Alors bien entendu, maman s'est terriblement inquiétée ... Elle ne voulait pas me le montrer, mais je le voyais bien. Il lui arrivait même de pleurer. Alors comme je ne pouvais pas la voir ainsi, j'ai décidé d'aller te chercher."

Lui ? Venir le chercher ? Tout seul ? Comment avait-il fait pour parcourir les 4800 km qui les séparaient de Penton ? Bien sûr, Ryan l'avait fait. Et en moto en plus. Mais son frère ? Mais il n'avait que 10 ans !

"ça n'a pas été facile, sois-en sûr. Mais finalement, j'ai finit par comprendre que vous étiez ici. Beaucoup de gens vous cherchent, tu sais."

Ryan ne doutait pas des capacités de génie de son frère mais de là à les retrouver tout seul alors qu'il affirmait que tout le monde était recherché... Et puis comment avait-il fait pour rentrer ? Ryan n'en revenait pas. Plus son frère parlait, plus il pensait qu'il délirait. Enfin, il finit par s'assoir. La tête lui tournait. Le jeune homme enfouit son visage entre ses mains mais les retira aussitôt en sentant du liquide le mouiller. Ses bandages étaient tout rouge maintenant. Il saignait abondamment. Etait-ce là, la raison de tout ça ? Pourtant, il avait serré son frère dans ses bras, sentit son odeur, touché sa moto...

"Mais ce bâtiment, cet immeuble ..."

Ryan releva sa tête vers son frère qui s'était arrêter de nettoyer sa moto pour le fixer intensément.

"... Tu ne pourras jamais en sortir."

Ryan se figea. Johnny était si sérieux à présent. Il ne l'avait jamais vu comme cela. Le jeune homme aurait voulu se lever et s'approcher de lui mais ses jambes refusaient de le porter. Qu'avait-il ? Bon sang, il avait connu pire comme situation ! Enfin, pire... ce n'était pas vraiment comparable en fait.

D'un ton qu'il voulait calme et déterminé, il finit tout de même par parler.

"Comment es-tu entré ?"

Admin Nombre de messages : 53 Date d'inscription : 02/01/2008

- Comment es-tu entré ?

Le jeune garçon agita négligament son chiffon devant lui, en répétant d'un ton un peu étonné :

- Comment suis-je entré ?

Il haussa les épaules, fixa de nouveau le visage de son frère des yeux, avec les sourcils levés, illustration de sa surprise.

- Bah, par la porte.

Cette question de son frère lui parraissait insolite.

Il était tout simplement passé par la porte, comme on était censé faire quand on entrait dans une maison, une pièce ou dans ce cas-ci, un immeuble.

Quoi d'autre ?

Il ne risquait pas d'être entré par les fenêtres, il avait déjà remarqué qu'il y avait des barreaux.

Du coup, le Petit Jo' avait arrêté d'agiter son chiffon, pour continuer de regarder son grand-frère avec des yeux étonnés.

N'y tenant plus, il demanda :

- Pourquoi cette question ?

Oui, pourquoi cette question ?

Ah, oui, voilà !

Le Petit Jo' aurait dû s'en douter.

Il hocha alors la tête, avec une expression plus sombre :

- Ah oui ... La porte ne s'ouvre pas de l'intérieur, c'est çà ?

En vérité, la question était pour la forme.

D'ailleurs, il ajouta en secouant légèrement la tête d'un air las :

- Oui, suis-je bête ... Bien sûr que oui, la porte est fermée.

Quittant des yeux Ryan, Johnny jetta un regard à la moto orangée de son frère.

La poussière qui s'était déposée dessus était déjà partie en grande partie.

Après tout, elle n'était pas si sale, quand on enlevait toute la poussière, cette moto.

Il y avait juste un peu de boue près des roues, mais quoi de plus normal ?

Le jeune garçon posa donc son chiffon sur une étagère derrière lui et se frotta les mains.

En même temps, sans quitter la moto des yeux, il fronça légèrement les sourcils de nouveau et ajouta, plus pour lui-même mais à voix haute quand même :

- C'est à cause d'eux.

Son ton avait changé.

Il était plus sombre.

Plus dur.

Plus haineux.

[ouaaaaais ! examens finis ! je reviens ^^ ]

Bah, par la porte.

Ryan eut un hoquet de surprise. Comment ça par la porte ? Alors son frère était venu, seul. Il avait traversé 4500 km, à 10 ans. Puis il avait réussi à savoir dans quelle ville il était et où était l'immeuble. Enfin il était rentré par la porte, comme ça.
Aller, c'est bon, on sait que c'est une caméra cachée. Vous pouvez sortir, Ryan est assez perdu comme ça. Vous avez réussi à lui faire tirer un gueule de trois mètre de long. Bravo !
Non ? C'est vrai ? Mais oui en fait, c'est si simple. Mais c'était si logique, pourquoi Ryan n'y avait-il pas pensé plus tôt ? Ah oui c'est vrai ! Parce que c'est impossible de sortir de ce putain d'immeuble !

Pourquoi cette question ?

Tiens c'est vrai, on se demande. Qui peut bien demander à son frère de 10 ans ce qu'il fait ici et comment il est entré ?

Ah oui ... La porte ne s'ouvre pas de l'intérieur, c'est çà ?

Bien vu ! Johnny n'avait pas perdu sa perspicacité en route, c'était déjà un début.
Ryan ne parlait toujours pas. Il cherchait à comprendre ce qui lui arrivait. Il hésitait encore et toujours entre la folie et le rêve. Alors doucement, le jeune homme se leva. Fit le tour de la pièce sous les yeux incompréhensifs de son frère.

Oui, suis-je bête ... Bien sûr que oui, la porte est fermée.

P'tit Jo reposa le chiffon de la moto tandis que Ryan en prenait un propre pour refaire ses bandages. Il avait beau serré, le sang ne s'arrêtait pas de couler. Il avait donc frapper si fort que ça ? Le jeune homme ne s'en rendait même plus compte.
Quand Ryan se décida enfin à regarder à nouveau son frère, ce dernier avait une expression qu'il ne lui connaissait pas.

C'est à cause d'eux.

Décidément, Ryan n'avait pas finit d'être surpris. Le garçon se précipita sur son frère et le saisit par les épaules, le tachant de sang à cause de sa main droite qu'il n'avait pas encore eut le temps de bandée.

"Qui ça eux ? T'as vu des gens ? Ils étaient comment ?"

Ryan se força à s'interrompre et baissa la tête vers le sol pour respirer un grand. Il déserra son emprise, se rendant compte qu'il lui avait un peu écraser l'épaule.

"Excuse-moi, je suis un peu sur les nerfs en ce moment" dit-il en redressant la tête et en fixant son frère dans les yeux.
"Assis toi et raconte moi tout depuis le début, sans rien oublier. Ton départ, ton voyage, ton arrivée, tout."