A bout de nerfs

*Pourquoi nous ? A quoi rime cette détention ? Et cet endroit ?*

Dans les escaliers, le bruit régulier d'un pas lent. Sur le tapis du couloir, une ombre qui hésite. Sur les joues de Lorelei, des larmes qui roulent. Elle s'avança la main contre le mur puis se laissa glisser au sol. Elle ramena ses genoux contre sa poitrine, les entoura de ses bras et y cacha son visage d'ange ravagé par la fatigue, l'incompréhension, la peur. Elle avait très peu dormi dans l'avion et cela c'était révélé impossible dans le hall. Tout cet espace, cette sensation étrange d'être emprisonnée et surveillée, le besoin presque instinctif de chercher à fuir. Mais fuir quoi ? Ces éternelles questions, elle se les posait depuis son arrivée. Comme tout le monde, elle avait peur de ce point d'interrogation qui planait au dessus de leur tête comme une épée de Damocles. Lorelei n'avait plus la force de se battre contre des fantômes. Doucement, des hoquets puis des sanglots la parcoururent. Depuis combien de temps ne s'était-elle pas laissée aller ainsi au désespoir ? Elle avait besoin de pleurer pour évacuer cette tension malsaine qui peu à peu s'était emparée d'elle. Oui, ça irait mieux après, elle le savait...

Lentement, la jeune fille retrouva son calme et se sécha les yeux. Il lui manquait encore des pièces du puzzle pour avoir une vue d'ensemble, comprendre, puis trouver des solutions. Mais les choses viendraient en leur temps. Si la patience n'était pas son point fort, elle devrait se faire violence, la lettre n'était-elle pas le signe que d'autres suivraient ? Si tel était le cas c'est que leur mystérieux hôte avait un moyen d'entrer et de sortir à sa guise. Il suffirait de trouver lequel. Une dernière chose l'intriguait : "vos si précieuses vies". Qu'avaient-ils tous en commun qui ait une quelconque valeur ? Ou n'était-ce qu'un moyen de leur rappeler qu'ils étaient à sa merci ? Peut être même n'était-ce que les paroles dérangées d'un fou philosophant sur la vie, perspective qui en entraînait une autre : la mort. Ce danger palpable comme la tension d'un orage à venir dans le calme qui le précéde était-il aussi brutal ? Lorelei réfléchissait les yeux à demi-clos, la tête rejetée contre le mur, et c'est à demi-mot, la voix rauque de colère, qu'elle murmura :

- Quel est votre petit-jeu ? A quoi nous destinez vous ?

Oui, il devait forcément avoir un moyen de les voir, de les entendre ! Pour prévoir leurs réactions et observer les conséquences de ses actes. Sinon, pourquoi leur laisser la vie, leur si précieuse vie sauve ? Elle se leva en serrant les poings, peu lui importait finalement les raisons de son enlèvement et de sa claustration tout ce qu'elle voulait c'était s'enfuir, se battre pour ce but et l'atteindre en pied de nez à celui qui leur infligeait ça ! Sa voix se fit plus audible et tremblante d'émotion :

- On ne se laissera pas faire, vous verrez ! Quoique vous ayez dans votre tête de malade, vous aurez du fil à retordre. Si vous avez cru nous mettre à votre merci, vous risquez d'être surpris espèce de pourriture...

Un silence, de quelques secondes.

*Je parle dans le vide maintenant, non mais ça va vraiment pas moi.*

Lorelei défroissa son tee-shirt cintré rose pâle en le replaçant correctement sur son jean dont l'évasement recouvrait des baskets du même rose que son tee-shirt. Dans le couloir, un miroir où elle constata qu'elle n'avait pas bonne mine mais qu'au moins elle était présentable. Sa fureur était retombée et, contrainte à l'attente la plus ignoble, elle préférait en tirer partie. Elle allait retourner dans le hall avec tous les autres pour prendre son sac puis elle rentrerait dans une des chambre et irait prendre une douche. Elle en avait grand besoin. Abandonnant son regard rougi par les larmes, la jeune fille retourna vers l'escalier.

[hj : possibilité de plusieurs joueurs !]

Le mystère ...
Voilà le mot qui définirait parfaitement la situation, les pièces, l'ambiance ... l'immeuble en général. Ils étaient une bonne cinquentaine au moins à avoir été choisis pour être les gagnants d'un concours dont ils n'avaient jamais entendu parler. Maintenant qu'on y repensait, on se rendait compte qu'il était stupide de s'être rendu ainsi à une adresse qu'on leur donnait sur un papier qui se voulait officiel. Seulement, tous les hommes étaient pareils. La perspective de gagner un séjour dans un hôtel sans n'avoir participé à aucun concours, voilà qui était intéressant. C'était une occasion à saisir. Après tout, les élèves seraient peut-être plus agréables en cours, après ce petit séjour. Voilà ce que devaient se dire la plupart des professeurs accompagnateurs choisis.
Ils avaient dû s'en mordre les doigts.

Maintenant qu'ils étaient tous séquestrés, la plupart des prisonniers, notemment les plus âgés, se posaient plusieurs questions. Qui était donc la personne qui était à l'origine de cette farce ignoble ? A quoi rimait tout ceci ? Pourquoi eux ? Qu'est-ce qui les attendait ? Quelles épreuves devraient-ils surmonter ? Cette attente, l'impression qu'il va se passer quelque chose, mais que rien n'arrive pour le moment ... Cette attente devait faire craquer les nerfs de plus d'un. Quoi de plus normal, vous me direz.

De tous les élèves présents, Adelaïde devait sûrement être la plus étrange.
Elle semblait être complétement décalée à ce qui l'entourait. Elle n'avait pas encore pleuré. Elle n'avait d'ailleurs jamais pleuré de sa vie. Enfin si, sauf quand une de ses poupées vaudous se déchirait. Mais c'était tout. La fillette ne faisait que se balader pour le moment. En rêvassant. Les questions qui lui passaient par la tête, elle n'essayait pas de les attrapper pour en chercher les réponses. Ils finiraient tous par savoir ce que voulait la personne qui les retenait, à la fin. Pas la peine de se poser des centaines de questions. Voilà l'état d'esprit d'Adelaïde au sujet de cette situation. J'ai déjà dit qu'elle était étrange ?

Mais bref.
Ce jour-là, Adelaïde le passait à explorer les lieux. Elle avait déjà rencontré du monde dans le hall, où elle avait passé une nuit à dormir paisiblement. Elle avait rencontré Kennedy. Cette fille si jolie et si gentille. Puis elle était partie pour explorer les étages. Tranquillement. Elle ne s'était pas changée, elle avait encore sur le dos sa robe blanche de la veille. Ses longs cheveux ondulés d'un noir de jais pendaient librement dans son dos. Son visage pâle, paisible et calme restait impassible devant les murs délabrés des escaliers. La fillette gravissait les marches des escaliers doucement, la paume de sa main gauche plaquée contre le mur. Alors qu'elle arrivait à un palier, elle se retrouva nez-à-nez avec une jeune fille. Enfin, nez-à-nez, façon de parler, car Lorelei était bien plus grande qu'Adelaïde. Cette dernière détailla les cheveux soyeux de la jeune fille, sa peau claire, ses traits qui laissaient deviner ses origines asiatiques, et ses yeux rougis de larmes. Elle avait pleuré. Très spontanément, Adelaîde lâcha, de sa voix semblable à un murmure :

- Pourquoi tu pleures ?

La question la prit au désaroi. Comment expliquer à une petite fille la gravité de la situation, l'angoisse qu'elle ressentait, la peur qui la saisissait au ventre ? Lorelei effaça ses pensées en passant ses cheveux derrière son oreille et répondit avec douceur comme à son habitude.

- Parce que c'est ce que font tous les gens quand ils sont tristes. Je voudrais sortir et rentrer chez moi et je ne vois pas comment y parvenir et cet endroit me file une sacrée frousse.

Ces derniers mots elle les dit en souriant pour dédramatiser. Inutile que la petite fille se mette elle aussi à s'inquiéter. Lorelei savait que ses yeux devaient sembler moins rouges, elle avait craqué mais maintenant elle était prête à aller de l'avant et à ne pas se laisser démonter.

- Moi je m'appelle Lorelei et toi ?

Voilà aussi qui ajoutait à son malaise : le manque d'ami. Loin de chez elle, elle ne connaissait personne, elle ne pouvait pas se confier et se changer les idées. Bien sûr, elle n'avait pas dans la tête de faire de la fillette sa confidente, ce n'était pas son rôle, mais un contact humain et sympathique serait un remède plus secourable que les larmes qu'elle avait versé. Et puis, s'ils étaient solidaires les uns des autres, ils auraient plus de chance de trouver une solution à leur problème.

Adelaïde dévisagea son interlocutrice tandis que celle-ci lui répondait.
Oh oui. Pleurer quand on est triste. Oui, bien sûr. Elle comprenait. Elle avait déjà pleuré aussi. Quand sa poupée Salomée s'était vue arracher un bras par un chien du voisinage. Mais depuis qu'elle était ici, c'est-à-dire enfermée dans un immeuble de 14 et quelques étages, avec des personnes qu'elle ne connaissait quasiment pas, Adelaïde n'avait pas pleuré. Car elle n'était pas excessivement triste. Certes, elle aimerait retrouver l'air libre, pour pouvoir passer des heures entières dehors, dans les champs de blés qui entourait la maison de sa tante. Ses parents aussi lui manquaient, mais elle préférait ses poupées vaudous. Et comme Salomée était avec elle, elle n'était pas triste.

La jeune fille aux traits asiatiques se présenta.
Lorelei.
Son prénom sonnait comme l'eau claire s'écoulant dans une rivière. C'était très joli.

- Moi, c'est Adelaïde.

Elle regarda ensuite sa poupée de chiffons, aux cheveux de laine noirs, aux yeux en boutons et à la bouche ficelée, et ajouta :

- Et elle, c'est Salomée.

Adelaïde leva ensuite son regard, pour fixer ses yeux sombres dans les clairs de Lorelei.
Elle remarqua le sourire sur le visage blanc et fin de la jeune fille, ces yeux qui semblaient reprendre de leur vigueur. Elle sourit.

- Tu es déjà moins triste. C'est bien. La tristesse ne fait du bien que quand elle sait nous quitter.

Lorelei regarda avec tendresse la poupée qu'on lui présentait en songeant à sa propre jeunesse et aux heures qu'elle avait passé à jouer avec les siennes. C'était déjà un pas en avant, elle commençait à ne plus penser qu'à son enfermement. Elle salua dignement la poupée par un "je suis enchantée de faire ta connaissance" mais resta abasourdie par les paroles d'Adelaïde : "la tristesse ne fait de bien que quand elle sait nous quitter". Cette enfant était soit très mure pour son âge soit très maligne pour avoir retenu cette phrase certainement prononcée par un des adultes de son environnement. Cependant Lorelei n'était pas le moins du monde suspicieuse et était très naïve. De fait, elle préférait l'idée très romantique que la petite Adélaïde avait plus de sagesse que son âge n'en laissait paraître.

- Je suis bien d'accord avec toi. Dis-moi, tu aimes les carembars ?

Deux jours plus tôt, Lorelei avait pris l'avion qu'elle aurait mieux fait de manquer et à cette occasion, détestant les plateaux repas fades, insipides et sans saveur qu'on y servait, s'était faite une provision de bonnes choses. Si la majorité devait se trouver dans son sac en dessous d'un capharnaum inqualifiable de maquillage, de livres, de baladeur, d'un pull..., elle avait pris soin dans garder un peu sur elle. Elle sortit de ses poches deux carembars et les tendit à la petite fille pour qu'elle choisisse le parfum qu'elle préférait ou qu'elle prenne les deux si elle voulait. De toute façon Lorelei en avait un autre tout écrasé dans sa poche arrière. La jeune fille sourit en songeant que certains noyaient leur désespoir dans l'alcool et qu'elle, elle le noyait dans les sucreries. Drôle de thérapie...

Lorelei salua Salomée comme il le fallait, ce qu'Adelaïde appréçia.
La filette continuait de fixer la jeune fille qui lui faisait face, comme elle en avait l'habitude lorsqu'elle tenait une conversation avec quelqu'un, lorsque cette dernière demanda à Adelaïde si elle voulait un Carambar. Elle en sortit deux de sa poche pour les tendre à Adelaïde. La fillette savait que ce geste partait d'une bonne intention, et c'était très gentil de sa part, mais elle n'était pas fan des sucreries. En vérité, elle mangeait plus des choses étranges. Par exemple, elle raffolait des biscuits au gingembre qu'elle avait trouvé dans les cuisines du hall. Par contre, les bonbons roses ou colorés ne lui plaisaient pas trop. Ce n'était pas qu'elle faisait attention à sa ligne, elle était trop jeune pour penser à çà, mais elle avait des goûts différents de la plupart des autres gens, voilà tout. Elle répondit donc à la proposition de Lorelei en secouant la tête, mais avec un sourire.

- Merci beaucoup, c'est gentil, mais je n'aime pas trop çà.

Adelaïde resta silencieuse un petit moment, puis elle ajouta :

- Mais je veux tout de même t'en prendre un. J'aime bien avoir des objets en rapport avec les gens que je connais ...

Elle tendit donc la main pour prendre un carambar au cassis que lui tendait Lorelei, puis mit la friandise dans sa propre poche. Elle poserait ce carambar dans ses affaires, et lui ferait penser à Lorelei. Mais bref, passons. Adelaïde rapporta son attention sur la jeune fille, et lui demanda :

- Tu es au lycée ?

Lorelei haussa les épaules l'air de dire "c'est pas grave" lorsque l'étrange petite accepta tout de même un carembar au cassis. La jeune fille en revanche raffolait des sucreries et elle s'autorisa à manger le second au fruit de la passion. Adelaïde la fixait et ses grands yeux sombres possédaient une réelle intensité qui la faisait paraître plus vieille qu'elle n'était. Mais cette situation ne mettait Lorelei mal à l'aise, au contraire. Elle appréciait les gens qui sortait de l'ordinaire et cette petite était très singulière et même attachante.

- Tu es au lycée ?

Occupée à machouiller son dernier morceau de carembar, elle hocha tout d'abord de la tête avant de pouvoir lui répondre.

- Oui, en terminale. Toi tu me semble encore au primaire, je me trompe ?

Elle la regarda avec une expression de gentillesse et un sourire au lèvre mais c'est avec une grande sincérité qu'elle prononça ces mots :

- Tu sais Adélaïde, tu es la première petite fille que je rencontre qui semble plus mature que moi. Les gens aussi intelligents que toi sont rares.

Lorelei ne cherchait pas particulièrement à la flatter, elle disait ce qu'elle pensait. Si ce petit bout de chou était aussi intelligente qu'une élève de terminale, son avenir présageait d'être brillant.

*A condition qu'elle ait un avenir.*

- Oui, en terminale. Toi tu me semble encore au primaire, je me trompe ?

Adelaïde répondit à cette question par un simple hochement de tête.
En vérité, elle avait 11 ans, mais elle avait du redoubler une classe parce qu'elle ne connaissait pas extrémement bien l'anglais quand elle était arrivée en Amérique, avec ses parents et sa tante. Ce fut d'ailleurs cette dernière qui lui apprit toutes les bases, et en un an, passé à potasser des bouquins de langue, Adelaïde acquit ce langage international. Mais cela ne la dérangait pas, en fait. D'avoir redoublé. Bien obligée, quand on débarqué dans un pays à la langue qui vous est complétement inconnue.

Lorelei enchaîna avec une expression et un sourire qui semblèrent doux aux yeux d'Adelaïde. Elle dit clairement à la fillette qu'elle la trouvait très mature pour son âge, et qu'elle était très intelligente. Adelaïde eut un sourire de remerciement, ainsi qu'une parole :

- Merci.

Les discours n'étaient pas forcément d'utilité. Un mot simple, mais pourtant chargé de sens, suffisait amplement. Adelaïde savait qu'elle était intelligente, ou du moins plus intelligente que les autres de son âge. Elle n'avait pas la prétention d'affirmer qu'elle était la fillette de 11 ans la plus intelligente de la Terre, loin de là. Elle ne considérait personne comme quelqu'un d'inférieur, elle était juste elle-même. Elle ne se considérait par contre pas vraiment comme une personne mature, mais çà, c'était parce qu'elle ne savait pas vraiment se juger elle-même. Qui le pourrait d'ailleurs ? Mais bref. Adelaïde appéçia le compliment. Et elle ajouta ce qu'elle pensait, comme elle en avait l'habitude :

- Mais moi je pense que tout le monde est très intelligent, au fond de soi. Seulement, cette intelligence ne ressort pas de la même façon chez tout le monde ...

C'était vraiment ce qu'elle pensait.
Lorelei, qui se trouvait en face d'elle, devait être elle aussi très intelligente. Sans aucun doute. Comme tout le monde. Seulement, la plupart des Hommes sur cette Terre ne s'en rendaient pas compte. Ils pouvaient passer toute leur vie sans le remarquer. Et même haut de là. Adelaïde reprit la parole, cette fois pour poser une question en changeant de sujet.

- Lorelei ... Tu as des amis ou de la famille, ici ?

Ici ...

Lorelei était beaucoup moins gentille sur sa façon de voir les gens comme tous intelligents mais avec une façon diférente de le montrer. Pour elle, il existait vraiment des imbéciles finis et des génis inégalables, les uns comme les autres forgés par des années d'éducation qui leur était propre et qui les constituait en temps qu'individus. Cependant la terminale n'avait aucune envie de se lancer dans un débat compliqué qui n'était pas d'une importance vitale, elle avait déjà trop de chose à penser... C'est pourquoi elle se contenta d'une petite moue à moitié désaprobative qui devait lui donner un petit air amusant.

- Lorelei ... Tu as des amis ou de la famille, ici ?

Son air devint plus sombre.

- Non, personne.

De nature indépendante, Lorelei n'était pas de ceux que l'éloignement avec leurs parents rendait désespérants de tristesse et parfois pathétiquement gamins dans des circonstances plus légère. Néanmmoins, les choses étaient ici différentes. Elle s'inquiétait surtout de l'état dans lequel devait se trouver ses parents à se demander ce qui lui était arrivé, si elle était vivante... Mais étant fille unique et se sachant dans une sécurité toute relative, elle n'y voyait pas d'autres sujets d'inquiétude.

- Tu sais, je suis fille unique et mes parents doivent surement être très inquiets de ne pas avoir de mes nouvelles. J'ai essayé de les appeller sur mon télèphone mais aucun ne marche ici. J'aurais juste voulu les rassurer même si ce n'est pas le centre de vacances le plus sympathique. Et toi tu as quelqu'un ici ? J'ai entendu dire que certaines personnes avaient un frère ou une soeur. Ce doit être plus facile de pouvoir se soutenir mutuellement.

Si seulement elle n'avait pas été la seule personne de son lycée ici ! Très sympathique, elle y connaissait pas mal de monde mais sa solitude imposée lui était un réel supplice.

A la question d'Adelaïde, le visage de Lorelei sembla devenir plus sombre. Ainsi donc, elle n'avait ni famille ni amis ici. La famille, çà pouvait être compréhensible. Il y en avait beaucoup ici qui n'avaient aucune famille dans l'immeuble 667, mais les amis ... Adelaïde avait du mal à croire qu'une fille aussi gentille que Lorelei n'est pas d'amis. Elle pourrait s'en faire facilement, la fillette en était sûre. La jeune fille asiatique reprit ensuite :

- Tu sais, je suis fille unique et mes parents doivent surement être très inquiets de ne pas avoir de mes nouvelles. J'ai essayé de les appeller sur mon télèphone mais aucun ne marche ici. J'aurais juste voulu les rassurer même si ce n'est pas le centre de vacances le plus sympathique. Et toi tu as quelqu'un ici ? J'ai entendu dire que certaines personnes avaient un frère ou une soeur. Ce doit être plus facile de pouvoir se soutenir mutuellement.

Adelaïde approuva d'un signe de tête.

- C'est vrai, peut-être que c'est plus facile quand on a un frère ou une soeur. En tout cas, çà doit être un peu plus rassurant.

Puis la fillette eut un silence, avant de répondre à sa question.
Oui, elle avait une tante, aussi étrange qu'elle, mais elle ne l'avait pas vue depuis qu'elle était arrivée ici. Aucun des professeurs ne s'étaient d'ailleurs montrer. Peut-être était-ce tout simplement Adelaïde qui ne les voyait pas ? Ou alors peut-être était-ce les professeurs qui ne se montraient pas ? Qui savait. Cet immeuble était grand, il ne fallait pas l'oublier. Il y avait plus d'une centaine d'appartements, peut-être que les professeurs s'étaient réunis dans l'un deux. Entre adultes.

- Moi, j'ai une tante qui est ici. Elle est professeur, elle nous a donc accompagnés. Mais je ne l'ai pas vue depuis notre arrivée, c'est bizarre.

Elle eut un petit haussement d'épaules.
Elle non plus n'était pas le genre de fille a être complétement abbatue du fait d'être séparée de ses parents, mais il était vrai que les parents d'Adelaïde devaient s'inquièter pour leur fille. Au moins un peu. Mais on ne pouvait pas contacter l'extérieur dans cet immeuble, cela se voyait. Les téléphones, portables ou non, les radios ... Rien.